L’opposition des 2 Droites en 1995

La géographie électorale offre souvent des contrastes saisissants. Si l'on est habitué à comparer des candidats d'orientation politique clairement opposée, il est moins fréquent d'analyser les fractures au sein d'un bloc comme la Droite française. L'élection présidentielle en 1995 en livre un exemple spectaculaire. Balladur, longtemps ultra-dominant dans les enquêtes d'opinion, fut battu par Chirac de plus de 2 points au soir du premier tour. Les courbes sondagières des deux candidats s'étaient croisées seulement un mois auparavant.
La carte communale suivante montre en vert (rappelons-nous le slogan chiraquien à l'époque : "Mangez des pommes !") le solde des voix favorables à Chirac. En violet, l'excédent de voix pour Balladur : 
chirac_balladur_t1_1995_solde

Les 2/3 des 650 000 voix de l'avance chiraquienne sont issus de l'Ile-de-France. Les départements périphériques de la Corrèze, et plus généralement le grand Sud-Ouest sont également favorables à Chirac, qui bénéficie très clairement de son double ancrage à la Mairie de Paris et dans la circonscription d'Ussel. Balladur est devant dans une collection de zones périphériques, bastions traditionnels de la Droite : le Grand-Ouest, l'Alsace, Rhône-Alpes et la basse vallée du Rhône. Ce ne sera pas suffisant. Pour reprendre les distinctions avancées par René Rémond, la Droite "orléaniste", libérale, catholique et pro-Maastricht, est défaite par surprise par la Droite "bonapartiste".

La carte suivante s'appuie sur l'écart en points (%), entre les deux candidats. Chirac obtiendra au premier tour 20,8 % des voix soit 2,2 points de plus que Balladur. La densité d'écart à la moyenne est appliquée pour mieux prendre en compte le nombre des votants :
 chirac_balladur_t1_1995_ecart

Ces cartes et bien d'autres "pépites" encore seront très prochainement accessibles avec leurs données détaillées dans notre nouvel Observatoire des votes en France, à ouvrir mi-mars.